Une nouvelle architecture globale, prélude d’un monde multipolaire

Comme dans une scène de film hollywoodien, le roi saoudien Salman s’est rendu en Indonésie, la nation musulmane la plus peuplée du monde, avec un entourage de 1000 aides et serviteurs, dont dix ministres et 25 princes saoudiens, voyageant à bord de quatre Boeing 747 et de deux Boeing 777. Le président indonésien Joko Widodo a dit que la visite faisait partie du « partenariat stratégique » entre l’Arabie saoudite et l’Indonésie. Salman s’est également rendu en Malaisie, qui a été impliquée dans un scandale politique majeur découlant de l’acceptation par son Premier ministre, Najib Razak, d’un « don » d’un milliard de dollars de la part d’une société publique saoudienne. Les opposants politiques de Razak ont qualifié le cadeau de « pot-de-vin ».

 

Cette projection du pouvoir saoudien en Asie du Sud Est et le voyage du roi d’Arabie Saoudite en Indonésie, première visite d’un monarque saoudien depuis 1970, par le roi Fayçal, interviennent alors que le président américain Donald Trump annonce que les États-Unis vont considérer leur intérêt national avant celui des autres pays. Dans un discours devant une session conjointe du Congrès des États-Unis, Trump a également déclaré que sa politique est que les États-Unis « respectent les droits souverains des nations » et que son administration « respecte le droit de toutes les nations à suivre leur propre voie ».

Trump a également signalé que même s’il « respectera les institutions historiques » – une référence claire à l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN), aux Nations Unies et à l’Union européenne, qu’il a critiquées par le passé – il s’attend à ce que les alliés américains de l’OTAN, du Moyen-Orient et du Pacifique « jouent un rôle direct et significatif dans les opérations stratégiques et militaires et payent leur juste part du coût qu’elles entraînent ».

Les Etats Unis ont salué le résultat concernant le referendum du Royaume Uni et sa décision de quitter l’Union Européenne. De plus, Trump espère que la France, les Pays-Bas et les autres membres de l’UE trouvent le chemin qui leur est propre et se distancent de l’« Eurocratie » bruxelloise.

Alors que Trump a demandé une augmentation massive du budget militaire pour le Pentagone, il y a clairement un changement dans les alignements mondiaux en raison de la nouvelle politique bilatéraliste de l’Amérique, en opposition au multilatéralisme. En raison de ce qui semble être la fin de la « coalition of the willing »adoptée par le président George W. Bush et poursuivie par le président Barack Obama, des pays comme l’Arabie saoudite ou d’autres cherchent à créer de nouvelles relations stratégiques.

L’objectif immédiat et déconcertant de Salman de visiter l’Indonésie, la Malaisie, le Brunei et les Maldives, tous pays à majorité musulmane, semble être de stimuler les sociétés musulmanes déjà strictes du Brunei et des Maldives et d’encourager la radicalisation islamique en Indonésie et en Malaisie, deux pays qui abritent d’importantes minorités chrétiennes, bouddhistes et d’autres groupes religieux. Les clercs financés par l’Arabie saoudite ont encouragé le prosélytisme islamique parmi les étudiants non musulmans fréquentant les écoles publiques en Malaisie, l’incendie d’églises en Indonésie et en Malaisie, l’adoption d’une Charia stricte dans certaines régions fondamentalistes comme la province d’Aceh sur Sumatra en Indonésie et les États malaisiens de Kelantan et Terengganu, avec la flagellation et l’amputation des membres; et des restrictions sévères contre les missionnaires chrétiens.

Au-delà de la propagation du wahhabisme radical, les Saoudiens adoptent une politique stratégique « tournée vers l’Est ». Salman et son entourage vont également se rendre au Japon et en Chine. À Pékin, Salman pourrait être attendu, au sujet du soutien de l’Arabie Saoudite aux Ouïgours musulmans qui se battent dans la région autonome du Xinjiang-Ouighour (XUAR) pour un État islamique indépendant « du Turkestan oriental ».

Le fait qu’un roi saoudien s’implique dans une région où il existe un conflit militaire potentiel entre la Chine et diverses nations de l’Asie du Sud Est, à propos des îles et des eaux de la mer de Chine méridionale, ne constitue qu’un exemple de la façon dont divers pays commencent à combler le vide laissé par le désengagement américain de diverses régions géopolitiquement importantes du monde. Il n’y a pas si longtemps, le président Obama annonçait son « pivot économique et militaire » vers l’Asie, fondé sur le partenariat transpacifique (TPP) et le renforcement des relations militaires américaines avec l’Australie, les Philippines, Singapour, le Japon et la Corée du Sud. Après le retrait de Trump du TPP, l’Australie se tourne vers la Chine pour des liens économiques plus étroits, les Philippines veulent mettre fin à la présence des troupes américaines dans le pays, et, comme on le voit avec la visite du roi Salman, l’Indonésie et la Malaisie lancent de nouveaux partenariats stratégiques avec le Moyen-Orient.

 

Les Émirats arabes unis étendent également leur influence au-delà du Golfe. Ils ont annoncé qu’ils construisaient une base militaire à Berbera, sur le golfe d’Aden, dans la république séparatiste de Somaliland, qui n’est pas reconnue au niveau international. Le Somaliland a déclaré son indépendance de la Somalie en 1991. La base du Somaliland s’ajoute à une base des EAU déjà en activité à Assab en Érythrée.

La base de Berbera a été critiquée par le voisin, Djibouti, qui accueille une base navale chinoise au port d’Obock et une base américaine au Camp Lemonier, à côté de l’aéroport international Djibouti-Ambouli. Il fut un temps où il n’y avait que les États-Unis et la France qui possédaient des bases militaires dans la Corne de l’Afrique. Avec le réalignement stratégique mondial, ce n’est plus le cas. La France continue de maintenir une présence militaire à Djibouti et le Japon a établi sa première base militaire à l’étranger, sur un terrain de 12 hectares attenant à la base américaine du Camp Lemonier. En outre, les Saoudiens envisagent une base militaire à Djibouti pour soutenir leur campagne génocidaire contre les forces anti-saoudiennes au Yémen. La Turquie a également établi sa première base militaire en Afrique, dans la capitale somalienne de Mogadiscio.

Les États-Unis jouissaient autrefois de la distinction d’avoir l’une des plus grandes bases de l’océan Indien sur l’île de Diego Garcia, un territoire britannique. Toutefois, les Américains ont maintenant de la compagnie, en plus de l’apparition soudaine de bases militaires dans la Corne de l’Afrique. L’Inde a construit des bases navales sur l’île de l’Assomption aux Seychelles et dans l’archipel d’Agalega, un territoire de l’île Maurice qui se trouve à 1000 kilomètres au nord de Maurice. L’Inde entretient également une installation radar de renseignements dans le nord de Madagascar, près d’Ambilobe, et un dépôt naval à Mascate, Oman.

Alors que ce que l’on pourrait appeler la « Doctrine Trump » se met en place, des « projections de force » semblables par des nations qui, traditionnellement, n’opéraient pas militairement dans leurs propres régions, deviendront plus courantes. La France a, depuis un certain temps, maintenu une base militaire à Abou Dhabi, connue sous le nom de Camp de la Paix.

Singapour est en train de négocier des droits pour une base aérienne, destinés principalement à la formation de pilotes de la Force aérienne singapourienne, à la Base aérienne d’Ohakea en Nouvelle-Zélande et à la Base aérienne d’Anderson, dans le territoire américain de Guam. Singapour maintient également des bases de formation à Townsville et Shoalwater Bay dans le Queensland, en Australie. La saisie par les douanes de Hong Kong de neuf véhicules blindés Terrex, retournant par mer des exercices militaires conjoints singapourien-taïwanais à Taïwan, manœuvres qui se déroulent régulièrement depuis 1975, a mis en évidence la possibilité d’une présence militaire singapourienne permanente à Taïwan, même si Singapour reconnaît la République populaire de Chine comme unique et indivisible.

Le Pacifique Sud pourrait bientôt rejoindre la Corne de l’Afrique et l’océan Indien, comme endroit où tout le monde cherche à établir des bases navales et aériennes. La Chine est connue pour s’intéresser à de telles bases dans les pays qui sont les principaux bénéficiaires de l’aide chinoise, comme Fidji, les îles Samoa, les îles Tonga ou le Vanuatu. Les États-Unis considèrent le Pacifique Sud comme un « lac américain », mais comme ses substituts régionaux, l’Australie et la Nouvelle-Zélande, cherchent de nouvelles relations stratégiques, d’autres acteurs étatiques, dont le Japon, l’Inde, la Russie, l’Allemagne et le Canada, pourraient établir leur propre présence militaire dans la région.

La Doctrine Trump provoque une nouvelle restructuration mondiale; Cependant, elle ne ressemble pas au « nouvel ordre mondial » envisagé par les majordomes mondialistes à Washington, à Bruxelles, à Londres, à Francfort et à New York.

Concernant L’Arabie saoudite, on apprend qu’elle envisage l’expulsion de cinq millions d’étrangers par peur d’être « colonisée ». Alors que la monarchie saoudienne est souvent accusée de violer les droits des nombreux travailleurs étrangers vivant sur son sol, un programme d’expulsion massif est actuellement étudié par les autorités. Un projet de loi réclamant l’expulsion de cinq millions d’immigrés, de nationalités diverses, a été déposé début mars 2017 au Majlis Al-Choura, un conseil consultatif nommé par le roi d’Arabie saoudite, rapportent plusieurs médias du pays cités par le Courrier international le 9 mars.

« Ces étrangers ne sont pas là pour travailler de manière régulière, ni pour des raisons religieuses, mais pour coloniser notre pays », a assuré Sadaqa Al-Fadhel, auteur de la proposition, avant de poursuivre : « Ils forment comme un peuple intrus qui cherche à s’imposer dans notre pays à travers une occupation sournoise ».


yogaesoteric

15 janvier 2018

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