Le KARMA modèle mystérieusement notre vie

 

On a beaucoup entendu parlé du sage Uri Baba, qui était célèbre par son enseignement et sa sagesse. Il vivait à Vrindavan. Mon guide spirituel m’a permis de vivre une certaine période à ses côtés. L’un de ses dévots, qui me connaissait depuis longtemps, m’a emmené à Vrindavan. En arrivant là-bas, j’ai vu plein de monde attendant de recevoir le DARSHAN (bénédiction et influence spirituelle divine). Baba a été informé par son dévot de mon arrivée et l’a instruit de me conduire dans sa chambre.

Baba était un homme petit de taille d’environ 65 ans. Il était considéré comme l’un des plus grands sages du nord de l’Inde. Il avait de très nombreux disciples dans tout le pays. Il a manifesté beaucoup de douceur et de générosité envers moi.

Nous avions l’habitude d’aller au bord de la rivière Jamuna pour le bain rituel du soir. Lors de l’une de ces soirées, je lui ai demandé : „La renonciation au monde est-elle supérieure à l’existence dans le monde? Quelle est la juste voie?”

En ce temps-là j’étudiais la doctrine du KARMA YOGA. Le concept de KARMA est plus facile à comprendre lorsque nous nous rapportons à la loi de la cause et de l’effet, à la loi de l’action et de la réaction. Je savais qu’il est très difficile de se libérer de ce double enchaînement.

Pendant la conversation qui a suivi, Baba m’a dit : „Il n’est pas nécessaire que tous les êtres humains renoncent au monde, car la voie de la renonciation est très difficile. D’ailleurs, il n’est pas non plus nécessaire de renoncer aux objets de ce monde, parce qu’en réalité l’homme ne possède rien et que rien ne lui appartient. En conséquence, il est nécessaire de renoncer à rien d’autre qu’à la possessivité. Ce n’est pas une grande différence entre vivre dans ce monde ou hors de lui. L’attachement envers les objets de ce monde est la cause de la souffrance. Celui qui pratique le détachement avec sincérité et croyance obtient tôt ou tard la libération de l’enchaînement du KARMA.

Sur la voie de l’action divinement intégrée on ne renonce pas à l’accomplissement des devoirs. Au contraire, ceux-ci sont accomplis seulement une fois que leurs fruits ont été consacrés au Divin. L’ascète renonce aux objets de ce monde et s’en éloigne, mais il accomplit aussi ses devoirs quotidiens essentiels. Ceux qui vivent dans le monde en tant que familistes accomplissent à leur tour leurs devoirs. Ceux qui utilisent avec avidité et égoïsme les fruits de leurs actions génèrent beaucoup d’enchaînements. Il sera difficile pour eux de se libérer de ces conditionnements produits par eux-mêmes. Si on ne renonce pas vraiment à tous les attachements et au sens de la propriété, la voie de la renonciation devient une souffrance. A leur tour, si les familistes et ceux qui vivent dans le monde ne pratiquement pas continûment le détachement et s’ils continuent à cultiver l’égoïsme et la possessivité, cela produira aussi de la souffrance pour eux. Pour atteindre le but de la vie, il est nécessaire d’accomplir nos devoirs quotidiens, que l’on vive dans la société ou hors d’elle. Donc, la voie de la renonciation et la voie de l’action, bien qu’elles soient différentes, peuvent aider dans la même mesure l’aspirant à atteindre la Libération spirituelle. Une est celle du sacrifice, l’autre est celle de la conquête.

La loi du KARMA s’applique également à tous les êtres, les SAMSKARAS de nos vies passés sont profondément enracinés dans notre subconscient. Ces imprégnations latentes ou SAMSKARAS produisent des sui generis courants et sphères de pensée qui s’expriment ensuite à travers nos mots et nos actions. Mais il se peut que l’aspirant se libère de ces SAMSKARAS. Ceux qui sont capables de brûler ces SAMSKARAS dans le feu du détachement ou de la connaissance se libéreront des chaînes qu’ils ont eux-mêmes créées. Analogiquement parlant, les SAMSKARAS seront alors comme des cordes brûlées qui ne peuvent plus rien serrer. Lorsque les semences des imprégnations latentes, bien qu’elles se trouvent dans le subconscient, sont brûlées dans le feu de la connaissance et perdent ainsi leur pouvoir de germination, plus rien ne peut pousser d’elles. Elles sont tout comme les semences de sésame grillées. Nous pouvons les utiliser pour condimenter la nourriture, mais il ne poussera plus jamais une plante d’elles. Il existe deux types de SAMSKARAS; certains d’eux sont une grande aide pour l’être humain qui suit la voie spirituelle, tandis que les autres sont de véritables obstacles.

Le détachement spirituel est comme un feu qui brûle les conditionnements produits par les SAMSKARAS passés. Les bénéfices obtenus par l’ascète par la renonciation au monde sont obtenus aussi par celui qui continue de vivre dans le monde, par la pratique du détachement. La seule différence est que l’ascète atteint l’illumination divine loin du monde et que celui qui est resté dans le monde atteint l’illumination au milieu du monde.

Le détachement ne signifie pas de l’indifférence ou un manque d’amour envers  notre entourage. En fait, le détachement et l’amour constituent une et la même réalité spirituelle. Le détachement confère de la liberté et l’attachement produit de l’enchaînement. Par détachement, celui qui est resté dans le monde en tant que propriétaire ou tête de famille devient conscient du but de la vie et accomplit ses devoirs en consacrant leurs fruits au Divin. Par renonciation, l’ascète reste toujours conscient du but de sa vie et atteint ainsi la Libération spirituelle. Le détachement et la renonciation conduisent tous deux à l’expansion de la conscience. Lorsqu’un être humain apprend à dilater sa conscience et à fusionner avec la Conscience Universelle, alors il n’est plus limité par son KARMA et devient absolument libre.

Un tel être humain aura aussi le pouvoir de conduire sur la voie de la Libération spirituelle d’autres êtres. Qu’il soit dans ce monde ou hors de lui, il peut guérir la maladie qui est produite par les devoirs karmiques. Il peut rester intangible et transcender ces enchaînements, sans être ultérieurement impliqué et sans cueillir les fruits néfastes produits par les devoirs karmiques des autres.

Un vrai Guide spirituel a un contrôle total sur son être et agit librement dans le monde. Une fois que le potier a modelé ses pots, la roue du potier tourne encore pour un certain temps, mais sans pouvoir créer de récipient. Par contre dans le cas d’un être libéré, la roue de la vie reste en mouvement et elle agit toujours en sens bénéfique, mais sans produire d’enchaînements. Ses actions s’appellent des actions « sans action » ou des actions détachées de leur fruit. Lorsque l’aspirant est préparé à marcher sur la voie divine, il est alors facile pour un guide spirituel de le conduire et,, il atteindra certainement un jour la Libération finale.”

J’ai prié Baba de me parler des grands sages et de leur capacité à guérir les autres. Il m’a dit: „Il existe trois niveaux de la guérison: physique, mental et spirituel. L’humain est un habitant de ces trois Mondes. Un sage a un grand pouvoir spirituel et il peut guérir les autres sur tous les trois niveaux, mais s’il en fait une profession, son mental et sa volonté commencent couler à nouveau dans la rivière de ce monde. Un mental dissipé et orienté vers le monde ne peut pas être utilisé pour guérir quelqu’un. Au moment où un être devient égoïste, le mental change son cours et commence à se déverser en bas, vers le monde.

L’utilisation erronée du pouvoir spirituel affaiblit l’être et le déconnecte de l’énergie divine la plus haute, qui est connue sous le nom d’ICCHA SHAKTI. Les êtres sages disent toujours que tout le pouvoir appartient à DIEU et qu’ils ne sont en fait que des instruments à travers lesquels se manifeste l’énergie divine.

Chaque humain a un potentiel latent pour la guérison. Les énergies guérissantes se déversent à flot dans le cœur de chaque humain. Par une utilisation correcte de la volonté dynamique, ces flux d’énergie guérissante peuvent être canalisés vers la partie souffrante du corps ou du mental. L’énergie guérisseuse peut renforcer et nourrir celui se trouvant dans la souffrance. La clef de la guérison est le manque d’égoïsme, l’amour, la volonté harmonieuse et la dévotion totale envers DIEU.”

Après les quinze jours passés avec Baba, je suis retourné à mon Guide spirituel avec la conclusion que l’art de vivre dans le monde ou hors de lui, consiste en l’orientation permanente de la conscience humaine vers le but essentiel de la vie et dans un esprit de total détachement.

Article pris du Cahiers du Camps spirituel yogi de vacances, Costineşti 2014, vol. 1 (Les récits d’un aspirant spirituel sur les guides spirituels d’Himalaya, par Swami Rama), publié par la Maison d’Edition Shambala

 

yogaesoteric
mars 2016


 

Also available in: Română

Leave A Reply

Your email address will not be published.

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.

This website uses cookies to improve your experience. We'll assume you're ok with this, but you can opt-out if you wish. Accept Read More