Les femmes qui ont éveillé l’état de génialité portent le message d’une nouvelle époque, pleine de sagesse (II)

par Alexandra David

Lorsqu’on regard à travers l’histoire, il semble que le domaine des génies appartient surtout aux hommes. Les grandes inventions et découvertes, les fascinantes œuvres d’art, les réalisations politiques et religieuses grandioses sont toutes marquées par la contribution de noms masculins. Le génie est-il une qualité spécifique au sexe solaire ? Les femmes géniales sont moins nombreuses et lorsque nous en entendons parler, nous nous demandons si elles appartiennent vraiment à cette catégorie. Pourquoi ?


Lisez ici la première partie de cet article

Alexandra David- Néel – plus d’un siècle d’aventure

Elle naît à Paris en 1868. Elle étudie les langues orientales à la Sorbonne et au Collège de France. Elle fait partie de la Société Théosophique, et habite pour une certaine période au centre parisien de cette société. Elle a des opinions fortes, qui l’a rendent durant sa jeunesse féministe et anarchiste – elle écrit même un traité sur l’anarchisme, qui sera traduit en cinq langues. Elle étudie la musique et a une brève carrière lyrique, parcourant l’Europe pendant quelques années avec des tournées d’opéra.

Ce qui la passionne le plus, c’est la culture indienne, à la découverte de laquelle elle consacre toutes ses ressources et ses forces. En 1891, elle hérite d’une petite fortune qu’elle utilise pour entreprendre son premier « vrai voyage » en Inde, qui dure un an et demie. Après ce premier contact direct avec la culture indienne, son désir le plus ardent est de retourner aux solitudes de l’Himalaya et d’apprendre plus sur les doctrines orientales, sur la magie et la mystique bouddhiste, lamaïste ou taoïste. Avant de repartir vers l’Extrême-Orient, elle fait en détour par l’Afrique du Nord, étant aussi intéressée par le monde de la spiritualité musulmane. A Tunis, elle rencontre Néel, un riche ingénieur des Chemins de Fer, qu’elle épouse. Bien qu’ils divorcent quelques années plus tard, il continuera à financer ses voyages et ses études orientales pendant trente ans.

Alexandra souhaite beaucoup arriver à Lhassa, la capitale du Tibet, absolument interdite aux étrangers et encore plus aux femmes. Elle réussit à habiter pendant trois ans dans un petit village himalayen, Sikkim, et visite tous les monastères de la région. Dans un tel endroit elle rencontre le jeune lama Arthur Yongden qui, à partir de ce moment, l’accompagne dans tous ses voyages. Plus tard, en France, elle l’adopte légalement.

Alexandra David- Néel et Lama Yongden entrent sur le territoire tibétain en deux étapes, en arrivant jusqu’aux centres sacrés de Shigatse et Gyantse (qui seraient d’après certains auteurs plus importants que Lhassa même). En 1916, suite à ces expéditions, Alexandra est expulsée de Sikkim, sur ordre du superintendant britannique de la zone, parce que les anglais soupçonnent que les expéditions de l’ex-anarchiste ont d’autres buts que les recherches sur le bouddhisme tibétain. Malgré la guerre, l’exploratrice ne rentre pas en Europe, elle continue ses voyages à travers le Japon, la Corée et la Chine.

Elle passe trois ans en étude et méditations – sur le conseil du Dalai Lama qui lui a accordé une entrevue (durant l’exile sur le territoire chinois) – au monastère de Kum-Bum, près du grand lac Kuku-Nor, une zone à population tibétaine. Alexandra part de Kum-Bum en essayant de cacher son identité, pour ne pas attirer l’attention des Britanniques se trouvant sur le territoire chinois. Elle est cependant repérée et obligée de retourner à Kuku-Nor.

Elle réussit à accomplir son rêve en 1924, lorsque la mission britannique d’Ynuan la soutient et arrive à Lhassa, accompagnée seulement par Lama Yongden. Cette expédition est le sujet de son premier livre : Voyage d’une Parisienne à Lhassa (1927). Après des années d’expéditions et d’aventures, elle devient célèbre dans la région sous le nom de Lady-Lama, ce qui montre qu’elle a été acceptée dans le monde religieux bouddhiste tibétain.

Les 30 livres d’orientalisme qui l’attestent comme une autorité en matière de doctrines ésotériques ont été écrits en Provence, à Digne-les-Bains, dans un petit domaine qu’elle a appelé Samten-Dzong – « La Forteresse de la Méditation » – , et qui est devenu en 1977 le siège de la Fondation David- Néel. A l’âge de 100 ans passés, peu avant de mourir, Alexandra David- Néel sollicite le renouvellement de son passeport…
Seulement un génie peut avoir un tel dynamisme et une telle effervescence créatrice !

Helena Petrovna Blavatsky, visionnaire et initiée

Elle naît le 12 août 1831, en Russie. Son père, d’origine allemande, est colonel dans l’armée du Tsar, et sa mère, écrivaine de romans sous un pseudonyme, appartient à la famille impériale de Russie. Elle aime la lecture dès son enfance et lit beaucoup sur l’occultisme, mais aussi sur la franc-maçonnerie et d’autres sociétés secrètes.

A l’âge de 17 ans, sa famille décide de la marier avec le général Blavatsky – vice-gouverneur de la province russe de l’Arménie, âgé de 40 ans. Après la cérémonie, Helena vole un cheval avec lequel elle traverse les montagnes et fuit chez son grand-père, à Tiflis, en Géorgie.

Elle passe les dix années suivantes à voyager dans différents endroits sacrés et rencontrant des derviches turcs, des sages égyptiens, et le sage copte Paulos Metamon, des guérisseurs amérindiens, des pasteurs mormons, des sorciers spécialisés en vaudou, des ascètes indiens et, finalement, les Mahatmas du Tibet, membres d’une Grande Fraternités Blanche, et elle est la seule à en parler à l’époque. Est-il possible qu’elle ait été dans le mystérieux monde de Shambala ?

Lorsqu’elle revient en Russie, sa sœur Véra écrit sur ses pouvoirs occultes qu’elle (Helena) a acquis entre temps. Il s’agit de la capacité de lire dans la « lumière astrale » et de voir les flux de pensées des personnes vivantes et de celles qui sont décédées. Suivent quelques années d’expériences mystiques, parmi lesquelles le dédoublement, puis entre 1865 et 1873, elle entreprend la deuxième grande série de voyages de sa vie.

Elle visite l’Europe de l’Est et les Balkans, l’Egypte et la Syrie  (où elle a des contacts avec les communautés de druides), l’Italie (où Giuseppe Mazzini l’initie en carbonarisme), puis elle visite pour une deuxième fois le Tibet, où elle reste deux ans auprès du maître Koot Hoomi.

Revenue en Egypte, elle fonde avec Emma Cutting (futur Emma Coulomb), une société spiritiste, suivant les principes d’Allan Kardec, le pédagogue français qui a développé plusieurs théories concernant le spiritisme. Helena visite ensuite Jérusalem, Odessa et Paris.

En 1873, à l’âge de 42 ans, elle s’établit à New York. Ici elle se marie pour la deuxième fois avec le Géorgien Michael C. Betanelly. Cependant, elle se déclare vierge pour toute sa vie – il semblerait donc qu’il s’agit juste d’un mariage de convenance.

En septembre 1875, elle fonde la Société Théosophique avec le colonel Henry Steel Olcott en tant que président et l’irlandais William Quan Judge en tant que secrétaire. Bien qu’elle soit la principale animatrice de la société, elle figure dans les papiers en tant que simple secrétaire correspondant. Les buts de cette société sont liés aux recherches sur la nature supérieure de l’homme et ses pouvoirs latents, mais aussi sur l’ouverture envers les différentes religions et doctrine philosophiques. En 1878 apparaissent à New York les deux volumes de l’ouvrage « Isis dévoilée ». Alors que le New York Herald Tribune rend des éloges au livre, le considérant comme l’une des créations remarquables du XIXe siècle, l’orientaliste Max Müller considère l’auteur comme incompétent.

Entre 1879 et 1885, Helena voyage à nouveau. En 1879, elle lance à Bombay avec Olcott la revue Le Théosophe, où elle affirme l’idée d’une sagesse divine éternelle, nommée Théosophie, et l’existence d’une Fraternité des Sages. Au Sri Lanka, Blavatsky et Olcott reçoivent le pancha sila (la confirmation bouddhiste des cinq préceptes). En 1882, elle s’installe en Inde, à Adyar, près de Madras, qui devient le centre mondial de la Société Théosophique.

En 1885, Helena revient en Europe. Elle visite l’Italie, la Suisse, l’Allemagne, la France et la Belgique. Elle souffre d’obésité (elle pèse 113 kg), de néphrite chronique et d’hydropisie. En mai 1887, elle s’établit à Londres où elle fonde la « Blavatsky Lodge ».

En octobre 1888 apparaît aussi une Séction ésotériqe de la Société Thésophique, destinée aux recherches avancées. Les années suivantes, encore deux ouvrages d’Helena Petrovna Blavatsky sont publiés : La clé de la Théosophie et La Doctrine secrète. Certains auteurs la considèrent comme un imposteur, d’autres une visionnaire. Sa vie et son œuvre la qualifient sans doute dans la catégorie du génie féminin !

Lalla, la « folle » sainte de DIEU

Aucun des attributs de la génialité ne va aussi bien qu’à la poétesse mystique qui a atteint l’état de libération spirituelle durant sa vie terrestre : Lalleshvari, comme les shivaïtes l’appellent, ou Lal Didi ou Ded, comme elle est appelait par les musulmans.

Elle a vécu au XIVe siècle, est contemporaine du grand sufi Sayyid Ali Hamadani, celui qui a converti en 1380 le Cachemire à l’Islam. Il n’existe jusqu’à présent aucun manuscrit original de ses œuvres, mais plusieurs recueils incomplets ont été trouvés. Lord George Griegson et dr. L.D. Barnett les ont traduits et publiés en 1920 sous le titre : Lallavakyani ou les récits pleins de sagesse de Lalla Ded, poétesse mystique de l’ancien Cachemire.

Lalla est mentionnée dans les traités sur l’histoire du Cachemire, qui racontent qu’elle est née dans le village de Sempore, dans la maison d’un pandit. Son enfance fût marquée par des visions spirituelles, suite auxquelles elle restait des heures en méditation et en contemplation.

Ses parents l’ont mariée à l’âge de dix ans et elle est ainsi entrée dans une famille de nobles brahmans de Pampore. Bien qu’elle accomplisse avec rigueur ses attributions, Lalla n’était pas vue d’un bon œil, car son entourage ne comprenait pas son désir de se libérer de tous les enchaînements humains et de révéler son Soi.
Elle écrit à cette époque : « Ô, mon âme, les vanités trompeuses de ce monde t’ont jeté dans le tumulte du destin, dissipant ta liberté absolue. Il n’est rien resté de ton ancre en fer… Oh!, pourquoi tu as oublié ta vraie nature, le Soi ? »

Le rencontre avec le sage soufi Sad Mol aida Lalla à réaliser un vrai saut et dépasser le niveau spirituel où elle se trouvait. Elle raconte : « Mon Gourou m’a donné un seul enseignement : ‘De l’extérieur, entre dans ton cœur !’ Ceci est devenu pour moi, Lalla, une loi et un ordre sacré, et c’est comme cela que j’ai commencé à danser, dépourvue de tout vêtement. »

Chassée par sa belle-mère, elle devient ascète, chantant et dansant nue partout. Lorsqu’on lui reprochait l’indécence, Lalla disait que les vrais hommes sont très rares, et pour cela elle ne devait pas se soumettre à la souffrance de s’habiller (pour elle, un homme était celui qui s’est pleinement identifié à SHIVA, l’Eternel Masculin Divin). On dit qu’un jour, en apercevant le sage Sayyid Ali, elle s’enfuit et se cacha dans le four d’un boulanger en criant : « J’ai vu un homme ! ».

Lalla décrit avec une précision extraordinaire les dernières étapes du cheminement spirituel : « J’étais à la recherche de mon être et je m’épuisais en vain, car personne n’a jamais réussi à obtenir la sagesse cachée de DIEU par des efforts stériles. Alors je me suis absorbée en Lui (l’essence du Soi ATMAN) et j’ai instantanément pénétré dans la pièce du nectar – la ‘lune’ cachée – où se trouvent beaucoup de jarres pleines, mais desquels personne (aucun être commun) ne boit. »

Le génie féminin frappe à la porte. Ouvrez-lui !

Peut-être que tous les génies féminins auraient plus encore fait sentir leur présence si notre civilisation n’était pas autant marquée par le besoin de pouvoir masculin. Les génies – qu’ils soient masculins ou féminins – ne peuvent pas être limités, mais on peut les faire passer sous silence, surtout s’ils ont vécu à des époques où l’information ne circulait pas comme de nos jours.

Il est temps d’en apprendre plus et de leur accorder la reconnaissance qu’elles méritent. Il est temps de regarder avec confiance celles à venir. Elles sont les messagères d’une époque où nous allons nous éveiller tous à la vie. Elles sont les créatrices d’une nouvelle espèce, assoiffée de la vraie connaissance. Elles sont les mères universelles qui nous aideront à renaître encore une fois, en DIEU.

 

yogaesoteric
15 mars 2017

Also available in: Română

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