Le grand Guide spirituel tibétain Padma-Sambhava (I)

par le professeur de yoga Lăcrămioara Visterneanu

„Je me suis décidé à suivre la voie de la Vérité …”


Le grand guide spirituel PADMA-SAMBHAVA (en tibétain PADMA-BYUN-GNAS), également connu sous le nom de GURU RIMPOCHE (le Guide spirituel très précieux) ou PADMAKARA (celui qui est né dans une fleur de lotus), est l’une des plus vénérées et plus renommées figures de la spiritualité tibétaine, sous son influence le bouddhisme tantrique acquérant une importance immense au Tibet, (en comparaison avec la tradition chamanique BON-PO qui dominait la „Contrée des Neiges” avant l’apparition de l’enseignement bouddhiste).

Ce n’est que l’une des raison pour laquelle on a attribué au maître tibétain PADMA-SAMBHAVA une série de noms symboliques, comme: „Le Véritable Protecteur Divin”, „La Lumière Éternellement Inchangée”, „La Roue Inépuisable de la Beauté Perpétuelle”, „Le Lotus qui Contient Tout”.

Il a aidé des milliers d’êtres humains à atteindre la libération spirituelle

PADMA-SAMBHAVA a été le fondateur du premier monastère bouddhiste du Tibet, le monastère SAMYE, et ses disciples ont formé une école de bouddhisme, qui existe encore à présent, dénommée „RNYING MA PA” autrement dit, „Les Bonnets Rouges”.

Les membres de cette école spirituelle affirment que PADMA-SAMBHAVA, de concert avec d’autres guides spirituels a enterré des textes sacrés (en tibétain, GTER-MA) dans des endroits secrets, de manière à ce qu’ils soient trouvés par les „découvreurs de trésors spirituels” (en tibétain, GTER-STON) lorsqu’il le temps sera venu que les enseignements de ces textes sacrés soient révélés pour le bien spirituel de l’humanité planétaire. Un tel „découvreur de trésors” est toujours un être plein de don de soi, qui possède les plus hautes aptitudes spirituelles, étant en fait une incarnation divine qui se manifeste pendant un certain moment historique. PADMA-SAMBHAVA a influencé en bien le destin spirituel des milliers d’êtres par les enseignements VAJRAYANA (la tradition tibétaine VAJRAYANA implique la voie très rapide, comme la foudre, vers Dieu, et étant liée à la Grâce Suprême, comblante que CHINNAMASTA, représentée ici sous la forme de la Suprême DAKINI, offre pratiquement instantanément, comme la „foudre”), spécialement par les informations extraordinaires contenues dans les textes sacrés, TERMAS.

Comme l’affirme la tradition tibétaine, ce grand guide spirituel a été une émanation de DHYANI BUDDHA AMITABHA (qui est, pour ceux qui sont familiarisé avec ces notions, selon la même tradition VAJRAYANA, le Souverain divin de la Famille d’énergies divines PADMA), qui s’est manifesté pour guider, plein de compassion infinie, les êtres humains à atteindre la libération spirituelle.

Il est né dans une fleur de lotus

Les disciples, qui ont été proches de PADMA-SAMBHAVA par leur croyance, par leur profonde aspiration spirituelle et par les étonnants pouvoirs yogis qu’ils ont acquis, affirment qu‘il éclaire 50 mondes avec la lumière extraite des enseignements des SUTRAS et des TANTRAS, se manifestant ainsi sous la forme de huit manifestations Divines pour guider du point de vue spirituel les êtres des différents pays du monde. Dans ce sens, YESHE TSOGYEL, celle qui a été l’amoureuse de PADMA-SAMBHAVA et l’une des femmes spirituelles les plus spéciales du TIBET. Elle raconte une de ses visions spirituelles où elle a perçu une manifestation cosmique de son Guide spirituel PADMA-SAMBHAVA nommée l’„Immense Océan (de la Conscience Divine) VAJRA.

Bien qu’il existe une biographie de PADMA-SAMBHAVA présentée dans certains livres contemporains, on peut en extraire très peu de choses quant aux faits liés à l’historique de son existence, une grande partie du contenu de cette biographie étant formé de mythes, de légendes ou d’allégories de nature symbolique, spirituelle.

Ainsi, cette biographie, d’origine tibétaine, décrit la naissance miraculeuse du grand Guide spirituel PADMA-SAMBHAVA: „Dans la contrée d’ORGYEN (d’après toutes les estimations, cette contrée correspond à présent à la zone de la province du CACHEMIRE, n.n.), sur le lac DANAKOSHA, se trouvait une île où est apparue une fleur multicolore de lotus.

Depuis les hauteurs célestes de son paradis SUKHAVATI, BOUDDHA- AMITABHA a envoyé de son cœur spirituel, brillant de la lumière de la Sagesse Divine, un vajra avec 5 pointes (instrument de rituel utilisé dans les cérémonies tantriques, symbole de la Conscience Transcendante et de la Voie spirituelle, n.n.) qui est tombé au centre même de la fleur de lotus. Au milieu de ce lotus est apparu de façon miraculeuse un merveilleux bébé, d’environ un an. Une aura de lumière intensément brillante entourait l’être angélique et il avait tous les signes majeurs et mineurs d’un être libéré du point de vue spirituel”.

Il a renoncé à être roi

Nous suivons le fil légendaire de la biographie du grand Guide spirituel. À l’époque, Indrabodhi, le roi de ce pays, n’avait pas d’enfants. Il avait déjà vidé son trésor en réalisant des offrandes aux divinités bouddhistes et des aumônes aux pauvres. Comme un dernier essai de faire sortir son pays de famine et de la misère, il est parti, accompagné par son ministre Krishnadara, pour un voyage sur le grand lac Danakosha pour obtenir de la part des NAGAS („les rois des serpents”) une pierre précieuse magique qui accomplit tout désir (nous retrouvons ici à nouveau un renvoi à la symbolique tibétaine du lotus – PADMA, comme symbole de la sagesse qui est au-dessus de tous les désirs grégaires). Au retour, Krishnadara et ensuite le roi Indrabodhi ont rencontré, au milieu d’un lotus complètement fleuri, le merveilleux enfant. Le roi l’a considéré comme une réponse à ses prières d’avoir un fils et par conséquent il l’a emmené au palais où l’enfant a reçu le nom de PADMAKARA, „Celui-Né-du-Lotus”.

Le prince a grandi et apprenait facilement les coutumes royales, devenant un fin et érudit connaisseur de la poésie, de la musique et de la philosophie ; de même, dans les luttes et d’autres sports royaaux personne ne l’égalait. Il a épousé la princesse Bhasadhara („La Gardienne de la Lumière”) et a gouverné le royaume d’Orgyen, en conformité avec les préceptes du DHARMA (de l’enseignement bouddhiste). À ce moment, se trouvant au sommet du pouvoir dans ce monde, connaissant pleinement les délices des sens, Celui-Né-du-Lotus a réalisé, suite à l’apparition de quelques visions divines, la nature illusoire et toujours changeante des choses dans ce monde ; en même temps, il s’est rendu compte qu’il ne pourrait éveiller spirituellement d’autres êtres à partir de son hypostase de roi du pays, et il a alors demandé à son père adoptif, Indrabodhi, la permission de définitivement renoncer au trône, permission qui ne lui a pas été accordée. Mais la nécessité divine a fait en sorte qu’à la cour du palais se déroulent une série d’événements suite auxquels le prince PADMAKARA a été injustement accusé de la mort du fils d’un ministre. Ainsi son abdication au trône est ainsi devenue inévitable.

„La vie est comme la rosée du matin”

À son départ, affirme la légende, Celui-Né-du-Lotus s’est adressé ainsi au monde attristé qui le conduisait: „Cette vie est éphémère, et la séparation d’elle est inévitable. La vie se déroule comme le spectacle d’une grande place : ici les êtres humains se réunissent, en passant du temps ensemble, ensuite, après un certain temps, ils se séparent (à cause de la mort).
Alors pourquoi se créer des problèmes relatifs à cette séparation temporaire ? C’est la Roue du Monde. Renonçons donc à la douleur de la séparation et fixons nos pensées seulement sur l’atteinte de l’état de libération spirituelle.
Je me suis décidé à suivre la voie de la Vérité et je vous promets que je vais préparer la voie pour votre sauvegarde de l’océan plein d’illusions de ce monde, afin de pouvoir me rejoindre, plus tard, sur la voie spirituelle.
Pendant ce temps-là, pensez au fait que le corps physique n’est pas permanent ; il est comme un abîme.
Pensez aussi que la respiration non plus n’est pas permanente, elle est comme un nuage. Le mental non plus n’est pas permanent, il est comme la foudre. La vie n’est pas permanente, elle est comme la rosée du matin.”

PADMAKARA est d’abord allé aux cimetières la „Chênaie Rafraîchissante”, la „Forêt Joyeux” et „Sosaling”. Ce sont les premiers des huit cimetières de l’ancienne Inde où, l’un après l’autre, Celui-Né-du-Lotus a pratiqué le YOGA SOSANIQUE ou autrement dit, la fréquentation des cimetières – c’est l’une des 12 techniques réalisées par les adeptes yogis de l’Orient; par cette technique on envisage que le pratiquant comprenne les trois phénomènes principaux spécifiques au SANGSARA (l’océan illusoire du devenir cosmique perpétuel) qui son t: l’éphémère de la manifestation, la souffrance et la vacuité.

Il a appris le langage secret des DAKINIS

Pendant cette période il a reçu l’investiture et la bénédiction de la part de deux DAKINIS, ayant pour nom „Celle qui domine les Démons” et „ DAKINI de l’Ordre Paisible”.
Le grand Guide spirituel est revenu au pays d’Orgyen, à l’île du centre du lac Danakosha, dont, à l’aide des DAKINIS de cet endroit, il a appris langage symbolique (c’est l’un des langages secrets du TIBET connu à présent par très peu de LAMAS initiés) et a prêché MAHAYANA aux DAKINIS du lac. Ensuite il a continué sa pratique spirituelle au cimetière „La Forêt Drue” où il a eu plusieurs visions de VAJRA YOGHINI (VAJRA DAKINI). Ici il est entré en communion subtile avec le monde des NAGAS des lacs, et aussi avec les esprits planétaires puissants et, grâce à son courage et à sa fermeté spirituelle, il a été investi avec de nombreux pouvoirs surnaturels par tous les DAKAS (contreparties masculines des DAKINIS) et toutes les DAKINIS. C’est ainsi que PADMAKARA est devenu connu sous le nom de DORJE DRAKPO TSAL („Le Pouvoir terrible du VAJRA”).

Ensuite il est allé prier au temple saint de Bodh-Gaya (l’endroit où BOUDDHA SAKYAMUNI a atteint l’illumination spirituelle).
En utilisant les pouvoirs magiques de la matérialisation et de la modification à volonté de la forme de son corps physique, PADMA-SAMBHAVA s’est manifesté ici d’une façon considérée comme miraculeuse par les êtres communs.
Les gens lui ont demandé qui est-il, et il leur a répondu: „Je n’ai ni de père, ni de mère, ni de caste, ni de nom ; je suis une émanation de BOUDDHA AMITABHA, «celui qui est né par la Volonté Divine»”. Mais les gens ne l’ont pas cru.

Il a atteint l’illumination par la grâce d’une maîtresse tantrique

PADMA-SAMBHAVA a compris que, pour le perfectionnement de son enseignement et de sa pratique spirituelle il avait besoin d’un guide spirituel. Il est alors allé à SATOR, où il a été reçu dans l’ordre des moines par le Guide spirituel PRABHAHASTI („L’Éléphant de lumière”) et a reçu le nom de SHAKYA SENGE.
SHAKYA SENGE a ainsi reçu 18 initiations en TANTRA YOGA et a eu de nombreuses visions spirituelles des divinités tantriques.
PADMA-SAMBHAVA est ensuite allé chez la maîtresse tantrique KUNGAMO, qui était en fait une incarnation de la sage DAKINI GUHYA JNANA.

Grâce à la transfiguration intense que cette puissante maîtresse spirituelle réalisait sur lui, PADMA-SAMBHAVA a spontanément ressenti qu’il s’identifiait au MANTRA secret de CHINNAMASTA, atteignant ainsi l’état d’illumination spirituelle. Cette illumination obtenue par la grâce d’une DAKINI de la Sagesse Divine a été perçue par PADMA-SAMBHAVA comme une purification et une spiritualisation de tout son être, au niveau de tous les centres secrets de force (CHAKRAS). Pourtant le plus puissant impact de la force divine purificatrice manifestée par cette merveilleuse et fascinante DAKINI sur lui, a été perçue par PADMA-SAMBHAVA au niveau des trois GRANTHIS („noeuds” subtil-énergétiques de l’être), qui ont alors complètement été débloqués. La tradition tibétaine affirme que cette maîtresse tantrique a offert en secret à PADMA-SAMBHAVA l’initiation en HAYAGRIVA, qui confère à celui qui est initié le pouvoir de dominer toutes les entités maléfiques.

Extrait des enseignements spirituels de PADMA-SAMBHAVA

*La chose la plus importante, avant de nous engrener dans toute pratique spécifique aux enseignements spirituels authentiques, consiste à amplifier BODHICHITTA, c’est-à-dire que notre mental doit être seulement fixé sur le but de la suprême libération. Celui qui a amplifié dans son être l’état de BODHICHITTA cultivera en permanence le sentiment que tous les êtres sont ses mères ; il sera libre de tout préjugé et de toute limitation, son but essentiel étant dorénavant de servir tous les êtres conscients.

*Il n’existe pas d’être conscient qui n’ait été à un moment donné ton père ou ta mère. Donc, comme récompense pour la bonté de tous les êtres conscients, mets-toi sans tarder à leur service, en cherchant à faire beaucoup de bien spirituel.

*Cultive la bonté et la compassion pour tous les êtres conscients. Tout ce que tu fais, fais-le pour le bien spirituel de tous les êtres conscients. Considère les autres comme étant plus importants que toi même.

*Il importe peu que l’action dans laquelle tu es impliqué soit précieuse ou non, n’oublies jamais que tous les phénomènes sont comme les rêves et la magie.

*N’oublies jamais qu’après une période plus ou moins courte ou longue tu mourras, donc il ne sert à rien de te précipiter, en t’accrochant avec désespoir aux choses de ce monde. N’oublies jamais que le futur est celui qui dure et qu’en conséquence, il faut stopper tous les efforts pour avoir un futur brillant d’un point de vue spirituel. Ne t’illusionnes avec rien. Si tu crois, plein d’orgueil, que tu es une personne érudite ou d’une grande noblesse, tu n’obtiendras aucune qualité spirituelle. Jettes loin de toi cette illusion et engrènes-toi dans la pratique des enseignements spirituels authentiques, sans la moindre hésitation.

*Tu ne peux pas vraiment connaître un autre être si tu n’as pas accès aux modalités subtiles, élevées de la connaissance supérieure. C’est une raison pour ne pas critiquer les autres. En essence, tous les êtres conscients sont, par leur nature, des êtres libérés. Donc ce n’est pas à toi de juger les fautes et les inaccomplissements des autres personnes. Ce n’est pas à toi d’analyser les limites des autres. Analyses les tiennes et considères ce que tu peux faire pour les éliminer. Le plus grand mal est de critiquer les autres gens d’un ton moralisateur religieux, sans connaître ce qu’il y a dans leur tête. Renonces donc à cette attitude moralisatrice comme au plus puissant des poisons.

*„Grand YOGI” signifie purement et simplement être libre des contraintes et des attachements.

*De toute façon, si tu n’as plus confiance dans la pratique spirituelle que tu réalises, alors tout effort dans ce sens sera vain et tout ce que tu réaliseras sera sans aucun sens, quelle que soit la technique spirituelle réalisée, il est essentiel de le faire sans trace de doute ou de méfiance.

*Il n’existe pas d’autre endroit de méditation à part l’Esprit Éternel, car le vrai enseignement spirituel ne se trouve en nul autre lieu que dans l’Esprit immortel… reviens toujours et toujours vers Ton Soi Suprême – ATMAN.

*Tous les phénomènes sont comme des reflets dans un miroir, sans existence propre, et ils peuvent être connus autant qu’ils ne sont pas pensés d’une manière conceptuelle.

*DAKINI signifie en sanskrit „magicienne” et se réfère aux pouvoirs spirituels étonnants que ces entités féminines fascinantes et terribles du panthéon tantrique éveillent, par leur force spirituelle, dans la conscience de l’aspirant courageux, pur et persévérant ; les DAKINIS représentent, en même temps, l’aspect féminin de la conscience illuminée.

Article tiré de la Revue Yoga Magazine n° 35

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CHINNAMASTA – La déesse sans tête offre le discernement parfait 

yogaesoteric
2008

Also available in: Română

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