Environnement : l’avertissement de 15.000 scientifiques face à la dégradation de la planète

 

Plus de 15.000 chercheurs du monde entier ont lancé en novembre 2017 un appel pour dénoncer la dégradation de l’environnement. Un manifeste à l’ampleur inédite pour pousser les pouvoirs publics à agir.

C’est l’appel ayant rassemblé le plus de scientifiques dans l’Histoire. Plus de 15.000 chercheurs de 184 pays ont lancé un avertissement face aux risques de déstabilisation de la planète faute d’actions pour préserver l’environnement. Le manifeste a été publié dans la revue américaine BioScience.

En 1992 déjà, à l’occasion du sommet de Rio, plus de 1.700 scientifiques avait déjà émis « L’avertissement des scientifiques du monde à l’humanité », dans lequel ils expliquaient que l’impact des activités humaines sur la nature allait probablement aboutir « à de grandes souffrances humaines » et à « mutiler la planète de manière irrémédiable ».

En pleine COP23, les signataires ont repris la mise en garde initiale dans une tribune qualifiée de « deuxième avertissement ». « Il y a plus de 25 ans, les signaux déjà étaient au rouge et la mise en garde de la communauté scientifique n’avait trouvé qu’un écho limité, mais aujourd’hui, les indicateurs ont viré au rouge écarlate, le monde doit réagir », insiste Franck Courchamp, directeur de recherche au CNRS et signataire du texte, contacté par France 24. Cet écologue est un spécialiste de l’impact du changement climatique sur la biodiversité.

« Agissons tout de suite. »

« On est en train de déchirer le tissu dont nous sommes nous-mêmes un motif, agissons tout de suite avant de franchir un seuil irréversible », renchérit Tarik Chekchak, directeur Science et environnement de l’Équipe Cousteau, un signataire également joint par France 24.

La tribune, paraphée par 1.000 scientifiques français, reprend les indicateurs de 1992 et dresse un bilan catastrophique de la dégradation environnementale. Depuis plus de 25 ans, la quantité d’eau potable disponible par habitant dans le monde a ainsi diminué de 26 % et le nombre des zones mortes dans les océans a augmenté de 75 %.

L’appel mentionne également la perte de près de 120,4 millions d’hectares de forêts et un net accroissement des émissions de dioxyde de carbone (CO2) et des températures moyennes du globe.

« L’être humain préfère fermer les yeux. »

« Le changement climatique affecte très durement les espèces animales et végétales : certaines sont décimées, d’autres sont obligées de changer leur façon de vivre en migrant vers des lieux inédits ou en bourgeonnant à des saisons inhabituelles », explique Franck Courchamp. La tribune pointe une réduction de 29 % du nombre de mammifères, de reptiles, d’amphibiens, d’oiseaux et de poissons depuis 1992.

Et c’est finalement l’espèce humaine, en augmentation de 35 % depuis cette même date, qui en fera les frais. « Si l’immobilisme actuel persiste, le manque de ressources en eau douce, le manque de ressources alimentaires, les problèmes climatiques, vont créer de plus en plus de réfugiés environnementaux, et ce à l’horizon de quelques décennies », poursuit le scientifique. L’actualité lui donne raison, avec, dernièrement, l’évocation de la création d’un visa de « réfugiés climatiques » par la Nouvelle-Zélande.

Or, face à ce constat, les réponses apportées par les pouvoirs publics ne sont pas à la hauteur, constatent les signataires. Pourquoi ? « Cet immobilisme est selon moi dû à des temporalités différentes : ces problèmes environnementaux se règlent à l’échelle de 30 ou 50 ans et les mandats des hommes politiques ne durent que quatre à cinq ans. Leur intérêt est donc de contenter les électeurs à court terme et non à long terme. D’autre part l’être humain est ainsi fait qu’il préfère fermer les yeux et ne pas écouter ceux qui crient à un avenir catastrophique… », répond Franck Courchamp.

Adoption des énergies renouvelables à grande échelle

Tout espoir n’est pas perdu : il est encore possible d’inverser ces tendances pour permettre aux écosystèmes de retrouver leur durabilité, selon les scientifiques. Pour freiner la croissance démographique dans les pays en développement, ils préconisent une plus grande généralisation du planning familial et des programmes d’éducation.

Parmi les mesures recommandées, les auteurs suggèrent la création d’un plus grand nombre de réserves naturelles, un renforcement des lois contre le braconnage et des restrictions plus sévères du commerce des produits de la vie sauvage.

Autre pistes envisagées : des mesures encourageant un régime alimentaire plus végétal et l’adoption à grande échelle des énergies renouvelables et d’autres technologies vertes.

 

yogaesoteric
12 septembre 2018

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