La guerre contre Gaza est basée sur un mensonge

 Lorsque trois Israéliens ont disparu à la fin de juin, et avant l’ombre d’une preuve, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a décidé de son propre chef d’en imputer la responsabilité au mouvement islamiste Hamas. Lui et ses acolytes politiques et militaires ont persévéré dans cette fabrication en arrêtant des centaines de militants du Hamas et des parlementaires élus pro-Hamas et en bombardant les bureaux du Hamas à Gaza. Des Palestiniens libérés dans l’échange de prisonniers avec Gilad Shalit, qui était garanti par les Egyptiens, ont également été raflés dans le but de faire pression sur le Hamas.

Priés de présenter des preuves, les Israéliens ont donné les noms de deux militants du Hamas pour le simple fait qu’ils n’étaient pas chez eux quand des soldats israéliens sont venus pour les arrêter. La théorie voulait alors que la disparition de Marwan Qawasmeh et Amer Abu Aisha n’était rien d’autre qu’une preuve flagrante que ces militants du Hamas étaient certainement les auteurs de l’enlèvement des Israéliens. Sans s’embarrasser d’autres preuves, Israël a démoli les maisons des deux Palestiniens disparus. En outre, les services d’action psychologique israéliens ont lancé une campagne médiatique (en se servant de journalistes amis) pour diffamer le clan Qawamesh fort de 10.000 membres, fabriquant toute une histoire sur une « famille hors-la-loi ».

L’accusation contre le Hamas avait à l’évidence d’autres motifs qu’Israël n’a pas tardé à faire connaître. Le but de l’accusation et de l’arrestation des deux membres du Hamas était rien moins que de faire pression sur le président palestinien Mahmoud Abbas pour qu’il abroge l’accord de réconciliation avec la direction du Hamas basée à Gaza.

Le problème avec les mensonges et les fabrications est que la vérité vient parfois interférer. Israël lui-même a depuis annoncé l’arrestation de Palestiniens de Hébron qu’il accuse d’être derrière l’enlèvement des trois Israéliens et ce ne sont pas les deux noms du Hamas exhibés aux médias comme étant derrière cet acte pour lequel leurs maisons ont été détruites. Par ailleurs, Israël a concédé que si certains éléments locaux du Hamas à Hébron pourraient se révéler être derrière les enlèvements, il n’y a aucune preuve de l’implication de la direction du Hamas à Gaza ou hors de Gaza. Le refus de Khaled Mishaal, le chef du Hamas, de condamner le triple enlèvement était une raison suffisante, du point de vue israélien, pour maintenir la pression sur le mouvement islamiste.

La guerre est souvent créée à la fois dans l’espace public et à huis clos. Ayant créé une énorme campagne d’opinion contre le Hamas, quoique sur la base de fausses accusations, le débat sur la guerre a ensuite été transféré au conseil de guerre. La discussion dans le cabinet israélien restreint qui décide sur les grandes questions de sécurité est vite devenue politicienne. La guerre des mots entre Netanyahou et son ministre des affaires étrangères Avigdor Lieberman se révèle être un cas typique de surenchère. Lieberman, dont le parti Yisrael Beiteinu forme une coalition avec le Likoud cherchait apparemment une bonne raison d’abandonner ce partenariat. Accusant le premier ministre israélien d’être trop mou avec le Hamas à Gaza, Lieberman a mis fin à la coalition Likoud – Beiteinu tout en continuant à critiquer publiquement Netanyahou pour son refus de prendre une position forte sur le Hamas et pour ne pas avoir stoppé les tirs de projectiles depuis Gaza sur le sud d’Israël.

Le problème avec la guerre en cours contre Gaza, c’est que les Israéliens ont perdu leurs canaux de communication avec les dirigeants du Hamas. Israël n’avait pas été mécontent de voir les Egyptiens intercéder et si nécessaire garantir tout accord de cessez-le-feu. C’était pendant la présidence de Mohamed Morsi, mais les Égyptiens ne sont plus en mesure d’apporter une aide parce que les Israéliens ont trahi leur engagement de pas ré-arrêter des Palestiniens qui avaient été libérés dans l’échange contre Shalit. Les Israéliens ne peuvent pas non plus recourir aux bons offices d’Abbas, étant donné qu’ils ne veulent pas qu’il renforce son accord le Hamas mais qu’il l’abroge. Toute intercession réussie par Ramallah pour stopper la guerre contre Gaza viendra rétablir le capital politique d’Abbas et cimenter l’accord de réconciliation [entre le Hamas et le Fatah]. Il est évident que le gouvernement israélien ne veut ni de l’un, ni de l’autre. Il veut un Abbas faible et la dissolution de l’accord entre le Fatah et le Hamas.

Cette guerre est basée sur un mensonge et l’opinion publique le saura certainement tôt ou tard. De la même manière qu’Israël a été confondu pour son mensonge du fait qu’il savait dès le premier jour que les autostoppeurs israéliens avaient été tués. Le mensonge au sujet du Hamas sera révélé tôt ou tard. La seule question est combien de Palestiniens et d’Israéliens devront souffrir pendant tout le temps où ce mensonge sera considéré comme une vérité.


yogaesoteric
21 septembre 2017

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